lundi 16 février 2009

Un livre sur les Amap


Du lourd!


viennent de sortir un livre particulièrement intéressant : « Amap ; replaçons l’alimentation au cœur de nos sociétés ».
Ce bouquin m‘a vraiment fait voyager. Il part de constats et expériences qui sont familiers à tout participant à une Amap ( la constitution d’un groupe de consommateurs, l’organisation de la distribution, l’élaboration des contrats…) pour nous conduire, après quelques détours par le Canada, le Japon ou l’Italie, vers une approche plus large et plus complexe du rôle et de la spécificité des Amap.
Plus qu’une recension du livre, je n’aborderai qu’une des multiples thèses, à laquelle je souscris tout particulièrement (p94) : « l’apprentissage [est] une dimension essentielle du système Amap ».
Les auteurs ( Maud David-Leroy et Stéphane Girou) donnent plusieurs exemples de ces apprentissages :
- apprendre à construire un rapport différent à notre alimentation
- comprendre des enjeux agricoles
- renouveler sa façon de cuisiner
- apprendre à échanger, apprendre la convivialité et le partage (« on ne choisit pas forcément la plus belle botte de poireaux »)
- apprendre à mesurer la véritable valeur des produits du panier
- apprentissage de la pensée complexe.
Ce dernier apprentissage, qui me paraît essentiel, est illustré par une citation de Miguel Benasayag : « nécessité de faire le deuil de la solution à trouver pour penser en termes d’expériences et de processus multiples »
En clair, chaque Amap est une expérience unique, construite en permanence par ses adhérents. On apprend à devenir amapien au fil des paniers.
Un bouquin à dévorer…

dimanche 8 février 2009

Le cormier dans le pétrin




Jérémy a construit son pétrin avec des copains. Ils ont choisi un bois particulier, utilisé en ébénisterie, en marqueterie, en menuiserie : le bois de cormier.
C’est l’occasion de parler un peu de cette essence. Le cormier recherche les sols profonds, riches en calcaire. Quand on se ballade en forêt ou en campagne en automne, on peut voir par terre des centaines de fruits (voir photo).
Il faut choisir les plus mûrs (sinon, on a au fond du palais un petit goût âpre). On peut les manger tels quels, les sécher comme des pruneaux (j’ai pas essayé).
Mieux vaut en tout cas les consommer après les premières gelées.
Une première particularité de cet arbre, c’est qu’il est en voie de raréfaction. Il figure même sur la liste des espèces en danger en Suisse et en Autriche
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cormier
Une deuxième particularité, c’est que sa multiplication est difficile, à tel point que certaines assos proposent des échanges de boutures, de graines…
http://www.moulinsdefrance.org/old/cormier.html
http://hortimail.over-blog.com/article-25621346-6.html#comment35994190
J’ai lu quelque part que la difficulté d’obtenir la multiplication du cormier à partir de graines serait dûe à une troisième particularité : ses fruits contiennent une substance inhibitrice pour la germination. Lorsque les graines sont ingérées par des grives, étourneaux ou autres merles, les sucs digestifs dégradent la substance et les graines peuvent germer.
Moralité…ça peut parfois faire du bien de se retrouver dans la merde…

Du pain à l'Amap




Depuis quelque temps, on peut acheter du pain par l’intermédiaire de l’amap du Haut Bousson. Le système qui a permis la mise en place de cette action mérite qu’on s’y attarde.
Premier épisode : une association, Champ-Bouletout crée sur le territoire le Clej (comité local d'épargne pour les jeunes), qui " sert à financer des projets de création ou de reprise d'activité par des porteurs de projet de 18 à 35 ans, à créer une solidarité intergénérationnelle et à impliquer la population dans le développement local."
http://blog.charentelibre.com/journal/index.php?2008/04/08/831-champ-bouletout-favorise-l-initiative-des-jeunes-en-montmorelien.
Deuxième épisode : un copain de Benjamin, Jérémy, rencontre l'asso, les deux compères s'emparent du concept et décident de se lancer dans un projet de fournil à la ferme:
http://blog.charentelibre.com/journal/index.php?2009/01/22/2274-champ-bouletout-apporte-du-ble-a-deux-jeunes-de-montboyer
Le principe est le suivant: l'asso trouve des "investisseurs" (des particuliers acceptant de prêter une somme sans intérêt). Lorsqu'une somme suffisante a été récoltée, un projet (choisi par un comité de sélection), est doté de la somme correspondante. Dans le cas de Jeremy et Benjamin, la somme est de 3500€, à rembourser d'ici à 2010. La somme correspond au financement de la moitié de l'investissement (l’achat du four à pain). Résultat des courses: Jeremy est salarié de Benjamin et vend du pain par l’intermédiaire de l’amap
J’ai essayé d’en savoir un peu plus sur le système des CLEJ. Le « CLEJ » ( comité local d’épargne pour les jeunes) semble originaire d’une province du Pays Basque : la Soule. J’ai retrouvé un site qui en parle : http://azia.unblog.fr/
J’ai déjà remarqué qu’au Pays Basque, on a une grande capacité à imaginer des actions collectives, des associations, des groupements, des coopératives…. N’oublions pas que les « ikastolas » sont des écoles de statut associatif..
Pour en revenir aux « CLEJ » version Pays Basque:« Il s’agit d’une association loi 1901 composée d'épargnants qui ont décidé de soutenir les jeunes porteurs de projets économiques en Soule. Pendant 1 an, chaque adhérent/cotisant verse 15€/mois (ou 180€ en une seule fois). Il récupère cette somme sans intérêt après 3 à 5 ans.
A quoi sert l'argent prêté par les cotisants ? Il est prêté à taux 0 à de jeunes entrepreneurs (18-35 ans) qui ont décidé de créer ou de développer une activité .Et ensuite ? Après quelques mois d'activités, les entrepreneurs remboursent au CLEJ les sommes prêtées. Une fois tous les prêts remboursés, les cotisants retrouvent leur épargne. » Simple, non ? A qui le tour ?....